Zilien, phyto-arométharapeute, nous présente les bienfaits des huiles essentielles. “Il me semble essentiel d'avoir une approche globale et intégrale en phyto-aromathérapie”. Pour cela il est bon d'être bien outillé. Ce petit livret sans prétention vous apporte des notions tant historiques que bio-chimiques, un allié essentiel pour compléter vos livres et vos formations dans ce vaste domaine. Que vous soyez novices, autodidacte passionné ou thérapeute vous y trouverez des informations et des références indispensables.
L'AROMATHÉRAPIE : LE RÔLE DES HUILES ESSENTIELLES
Aussi loin que l'on remonte dans son histoire, l'homme a toujours cherché dans les plantes, son alimentation et ses remèdes. Toutes les civilisations les ont utilisées et étudiées afin d’améliorer leur bien-être ou leur santé. L'histoire de l'aromathérapie trouve donc naissance dans l’usage et l’étude de ces plantes en utilisant leurs huiles essentielles. Elle prend véritablement ses lettres de noblesse en France au cours du 20ème siècle et devient une discipline de plus en plus prisée, surtout depuis ces vingt dernières années. En effet, la société prend conscience que la médecine allopathique a ses limites et peut même devenir contraignante du fait de ses nombreux effets
indésirables. C’est pour cela que de plus en plus de personnes se tournent vers ce qu’on appelle vulgairement les « médecines douces », de manière plus diplomate, les « médecines complémentaires ».
AUX ORIGINES DE L'AROMATHÉRAPIE
Déjà, 4 000 ans av. J.-C., les aborigènes australiens utilisaient les plantes aromatiques pour traiter les infections par des fumigations ou cataplasmes dans lesquels l'eau, l'argile et les plantes montraient leur efficacité synergique. Les Sumériens aussi font grand usage des plantes aromatiques à cette même époque, idem pour les Chinois et les indiens du fait des vertus thérapeutiques des essences aromatiques mais c'est autour du bassin méditerranéen que l'aromathérapie va vraiment s'établir avec la civilisation égyptienne qui maîtrise la fabrication de produits aromatiques et les utilisent dans tous les domaines de la vie. L'aromathérapie va continuer à parcourir le tour du monde (notamment les pays arabes/perses qui vont faire
considérablement progresser l'aromathérapie) et traverser les époques pour tomber ensuite dans l'oubli. Au XXème siècle elle réapparaît grâce à de grands noms (dont de nombreux français) tous pharmaciens, médecins et chimistes qui vont guider et construisent la nouvelle aromathérapie moderne (Dr Jean Valnet dès 1960 et Pierre Franchomme dès 1975)
L'AROMATHÉRAPIE, DÉFINITION
Le terme « huile essentielle » a été défini par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) : « Produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement par la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, ou par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition. ».
Une huile essentielle est donc obtenue par la distillation à la vapeur d’eau de la plante pour en extraire l’essence. Contrairement à ce que son nom indique, il n’y a aucun corps gras dans les huiles essentielles : une goutte déposée sur un papier s’évaporera sans laisser de trace contrairement à une huile végétale. L’huile essentielle est donc une substance aromatique naturelle, volatile, liquide ou semi liquide, constituée de molécules aromatiques sécrétées par
certaines plantes ou certains arbres.
LES MODES D’EXTRACTION
Il existe plusieurs modes d’extraction des huiles essentielles :
La distillation à la vapeur d’eau (la plus connue)
Méthode ancienne, elle reste cependant la plus adaptée, surtout pour un usage médical. Avicenne, médecin et philosophe perse, mit au point le premier alambic, en l’an 1000, ce qui permit d’extraire des huiles essentielles pures par distillation.
La méthode fut perfectionnée par les fabricants de parfums de la ville de Grasse. Elle consiste à mélanger dans une cuve (corps de l’alambic) la partie de la plante à distiller et de l’eau, à chauffer le mélange pour que l'eau se transforme en vapeur, puis à récupérer et à refroidir cette vapeur chargée d'essence pour en récupérer l'huile essentielle. On y récupère également l’eau distillée de la plante : l’hydrolat (à ne pas confondre avec une eau florale).
Un hydrolat est la partie aqueuse du distillat. Les eaux florales sont des hydrolats obtenus à partir de la distillation de fleurs.
Exemples : eau florale de rose, eau florale de camomille romaine, eau florale de bleuet. Toutes les eaux florales sont des hydrolats, l’inverse n’est pas vrai.
L’expression (utilisée généralement pour les agrumes)
Méthode d'extraction qui s'effectue sans chauffage. Utilisée uniquement pour les agrumes, en raison de la localisation de leurs huiles essentielles, il suffit de procéder à une forte pression de la substance végétale. L'huile essentielle contenue dans de petites glandes du zeste est alors séparée du jus de son fruit par un système mécanique.
L'extraction par solvant
L'extraction par solvant consiste à dissoudre la substance, dont on veut extraire l'huile essentielle dans un solvant que l'on éliminera ensuite pour récupérer l'huile essentielle.
Le résultat obtenu devient une essence pure et limpide appelée « absolue ».
Avant, les solvants les plus utilisés étaient le benzène et dichlorométhane, mais ils ont été interdits car jugés cancérigènes. Désormais, c'est l'hexane que l'on utilise le plus couramment, car il est très volatil.
L’extraction par CO2
Procédé moderne et coûteux. Cette méthode consiste à faire passer un courant de CO2 à haute pression pour entraîner les substances aromatiques par éclatement des poches à essence.
BIEN CHOISIR SON HUILE ESSENTIELLE
Pour bien choisir, il y a 4 critères à retenir :
- L’huile essentielle doit être 100 % naturelle. Information indispensable qui permet de la différencier des produits de synthèse.
- L’huile essentielle doit être 100 % pure. Permet de s’assurer de l’absence de toute manipulation (adjonction, mélange ou soustraction de certaines substances ou molécules).
- L’huile essentielle doit être 100 % intégrale ou complète. Permet de différencier les huiles à visées thérapeutiques de celles utilisées en cosmétologie qui utilise la fraction de tête la plus volatile seulement.
- L’huile essentielle doit être chémotypée. Permet de connaître les molécules actives par l’identification botanique et biochimique de la plante. Le sigle HECT (Huile Essentielle ChémoTypée) permet de les reconnaître ; il existe un autre sigle : HEBBD (Huile Essentielle Biologiquement et Biochimiquement Définie). Ces deux sigles certifient la qualité de l’HE.
HUILES ESSENTIELLES & HUILES VÉGÉTALES
En aromathérapie, les huiles végétales sont indissociables des huiles essentielles.
Elles permettent de diluer les HE afin de les diffuser à travers la peau. Elles peuvent également multiplier les effets thérapeutiques car elles possèdent aussi des propriétés particulières. Pour soutenir l’organisme dans ses fonctions vitales, il est important d’utiliser des huiles végétales de qualité (vérifier si elles sont certifiées, obtenues par première pression à froid, sans solvant organique, ni chauffage).
Les composants des huiles végétales qui sont appelés acides gras, donnent à celles-ci leurs propriétés. Il en existe plusieurs types :
- Les acides gras saturés (appelés laurique, myristique, palmitique et stéarique), qui permettent de limiter la déshydratation de la peau (plus leur concentration estélevée, plus elles restent à la surface de la peau, permettant des massages longs).
- Les acides gras insaturés, divisés en deux catégories : les acides gras mono-insaturés (le principal étant l’acide oléique) qui permettent de nourrir la peau et de garder son élasticité. les acides gras poly-insaturés (appelés linoléique, α-linolénique (alpha-linolénique), γ-linolénique (gamma-linolénique), palmitoléique) qui confèrent des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, anti- allergiques et anti-infectieuses.
Ainsi, pour choisir une huile végétale comme support, vous pouvez vous appuyer
sur les critères suivants :
- les propriétés intrinsèques de l’huile,
- le temps de massage (temps de pénétration de l’huile), - la zone à traiter (visage, corps),
- le type de peau,
- la cible (épiderme, derme...).
LES PRINCIPALES PROPRIÉTÉS DES HUILES ESSENTIELLES
- Anti-infectieuses : antiparasitaires, antibactériennes, antivirales, insectifuges et insecticides
- Anticatarrhales : expectorantes, mucolytiques.
- Antihistaminiques (anti-allergique).
- Antalgiques : analgésiques et anesthésiques.
- Calmantes : hypnotiques, et/ou anxiolytiques.
- Endocrinorégulatrices : comme les œstrogènes, les progestérones, la cortisone, etc.
- Vasculotropes et hémotropes : vasodilatatrices, vasoconstrictrices,
- Anticoagulantes, anti hématomes, hémostatiques, hypo et hypertensives.
- Digestives : eupeptiques, carminatives, cholagogues et cholérétiques.
- Emolient, cicatrisant, astringent, régénérateur.
- Antitoxiques…
POINTS DE VIGILANCE
La toxicité d’une huile est caractérisée par les effets réversibles (transitoires) ou irréversibles (permanents), voire mortels que peut produire celle-ci sur l’individu.
Le degré de toxicité dépend de la dose nécessaire pour produire l’effet toxique, et cela peut se jouer à quelques gouttes près.
Elle dépend également de la sensibilité de l’individu, et peut varier en fonction de l’âge, du sexe, de son état de santé et de son profil génétique.
On différencie la toxicité aiguë (immédiate après administration d’une quantité importante) de la toxicité chronique (apparition après administration répétée de doses plus faibles).
Les HE peuvent être toxiques pour la peau en l'irritant et en l'enflammant, elles peuvent être aussi sensibilisantes et allergisantes. Elles peuvent aussi provoquer l’irritation des muqueuses buccales et digestives ; créer des irritations pulmonaires ou encore une neurotoxicité (système nerveux), hépatotoxicité (foie), néphrotoxicité (reins).
Les enfants, les personnes âgées, les personnes asthmatiques, les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que les personnes sous traitement médicamenteux sont considérées comme vulnérables.
Il est donc indispensable d’être très vigilant dans l’utilisation des HE pour ces personnes.
